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Coronavirus : l'épidémie sur un plateau inquiétant avant Noël en région parisienne

Les scientifiques du laboratoire d'Eau de Paris traquent le virus pour établir la propagation de l'épidémie.[© Thomas SAMSON / AFP]

«Le virus circule trop actuellement. Si nous ne prenons pas des précautions importantes pendant les fêtes, nous allons vivre un mois de janvier très difficile». Cette mise en garde claire provient de Vincent Maréchal, professeur de virologie à la Sorbonne, qui analyse le niveau de l'épidémie d'après la concentration de coronavirus dans les eaux usées de région parisienne.

A quelques jours des rassemblements en famille pour Noël, le co-fondateur de l'équipe de scientifiques du laboratoire d'Eau de Paris qui mène ces analyses depuis mars (le projet «Obépine»), fait part de son inquiétude à CNews ce lundi 21 décembre. «Les concentrations détectées ont baissé à partir de la moitié du mois d'octobre. Malheureusement, depuis, nous sommes arrivés à un plateau. Début décembre, la descente s'est arrêtée et nous stagnons», détaille le professeur de virologie.

Le niveau actuel de virus dans les eaux usées franciliennes – environ «800.000 "unités-génomes" par litre» – est sensiblement le même que ceux observés fin-février ou mi-septembre. Deux périodes durant lesquelles les voyants épidémiques commençaient à virer au rouge vif, à tel point que des confinements ont dû être décidés. Cette concentration de coronavirus est représentée par la courbe rouge sur le graphique ci-dessous (bleu pour les tests positifs, rose pour les couvre-feux, gris pour les confinements) :

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© Eau de Paris

«La circulation actuelle du virus dans la population pose problème, car le niveau est très élevé, d'autant que nous allons entrer dans la période des fêtes. Et il ne faudra pas compter sur le vaccin avant plusieurs mois pour bloquer la circulation du virus», anticipe Vincent Maréchal.

Cet avertissement est d'autant plus inquiétant que cet indicateur est l'un de ceux qui matérialise le plus vite la dynamique de la propagation. Au bout de quelques jours, voire de quelques heures seulement, les personnes contaminées excrètent du virus dans leurs selles. Celui-ci est alors repéré dans les usines d'épuration d'Ile-de-France. De quoi voir une éventuelle remontée des contaminations avant les visites des malades chez le médecin, puis les tests en laboratoire et enfin les hospitalisations.

Inquiétude à tous les étages

L'inquiétude causée par ce plateau atteint par l'épidémie, duquel pourrait jaillir une nouvelle vague, est générale. Les signaux d'alerte se déclenchent les uns après les autres. «On n'en est pas sorti de la deuxième vague», a ainsi alerté dimanche 20 décembre Martin Hirsch, le direction de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP). «Est-ce que cette deuxième vague peut avoir une deuxième bosse ? La réponse est oui», a-t-il prévenu.

Quelques heures plus tard, c'était au tour d'Anne Souyris, adjointe chargée de la Santé à la mairie de Paris : «On observe un léger rebond du nombre de contaminations. [...] Plusieurs indicateurs sont inquiétants alors même que nombre d'établissements comme les cafés, restaurants et lieux culturels sont toujours fermés.», a-t-elle souligné dans Le Parisien.

Un constat partagé jusqu'à l'Elysée, Emmanuel Macron lui-même ayant ce lundi évoqué «le plateau malheureusement encore trop haut avant des rassemblements familiaux, amicaux des prochains jours», en visioconférence lors du conseil des ministres.

En parallèle, les données du projet «Obépine» permettent d'évaluer les effets des mesures mises en place contre l'épidémie. Et donc d'expliquer la précarité de la situation actuelle. Car le deuxième confinement «light» est loin d'avoir été aussi probant que le premier, selon le professeur Vincent Maréchal. «En mars, nous avions noté une vraie efficacité de la mesure, avec une baisse forte et rapide des valeurs observées. Cette fois, il y a bien eu une décroissance après le couvre-feu, le confinement et peut-être les vacances de la Toussaint, mais c'est beaucoup moins marqué. Les efforts que nous avons fait ont eu un effet insuffisant», note-t-il sévèrement.

Un demi-succès que le virologue explique par «une période très favorable à la circulation du virus, froide et humide, ainsi qu'à des mesures barrières que certains ont moins bien respecté». Des images «d'apéros de rue», prises ce week-end dans la capitale, ont notamment fait réagir sur les réseaux sociaux.

Concernant la nouvelle variante du virus, Vincent Maréchal indique que ses équipes «ne la cherchent pas activement pour le moment, car elles s'intéressent surtout à la circulation globale du virus. Nous détectons déjà probablement de nombreuses souches différentes. Pour avoir un impact, il faudrait que cette variante devienne très majoritaire dans la population. Mais nous allons l'avoir à l'œil».

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