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Ile-de-France : vers un confinement à cause de la dégradation de la situation sanitaire ?

C'est le retour de la petite musique. Face à la reprise de l'épidémie, la région parisienne pourrait bientôt connaître un reconfinement, local ou généralisé. Il ne s'agit pour l'instant que d'une hypothèse, mais qui pourrait vite prendre de l'épaisseur suivant l'évolution des indicateurs cette semaine.

Après une légère embellie pendant les deux premières semaines de février — en réalité un stop dans la hausse enclenchée depuis décembre –, le nombre de nouveaux cas est reparti à la hausse en Ile-de-France ces derniers jours.

La région parisienne n'est d'ailleurs pas la seule concernée, ce qui a conduit Olivier Véran et Gabriel Attal à faire part de leur inquiétude ce week-end. «La tendance sur les trois derniers jours n'est pas bonne, n'est plus bonne», a prévenu le ministre de la Santé samedi 20 février. Le lendemain, le porte-parole du gouvernement a remis une couche : «La tendance n'est malheureusement pas à desserrer la contrainte».

Une préparation des esprits à un nouveau serrage de vis ?

De quoi interpréter ces messages comme une «préparation des esprits», habituelle en amont des serrages décidés par l'exécutif ? En fin de semaine dernière, Emmanuel Macron s'était donné «8 à 10 jours» afin de «décider si on resserre ou si on peut relâcher les contraintes».

Selon un conseiller du chef de l'Etat, cité dans Playbook Paris de Politico, «l'Ile-de-France va être l'enjeu de la semaine». Ce même conseiller met ainsi sur la table la possibilité d'un reconfinement, peut-être national, d'ici à la fin de la semaine «si les chiffres franciliens prennent la même tournure (qu’à Nice) dans les trois-quatre jours». Sans s'avancer sur une version «stricte» ou «allégée», toute la semaine ou le week-end seulement.

A l'heure actuelle, la situation à Paris est toutefois moins alarmante que celle sur la Côte-d'Azur. Le taux d'incidence dans la capitale est en effet de 278 nouveaux cas hebdomadaires pour 100.000 habitants, contre 556 dans le département de Nice, d'après les derniers chiffres de Météo Covid, datant du 18 février. Concernant les services de réanimation dans les hôpitaux, 63 % des lits sont occupés en région parisienne, contre 95 % dans les Alpes-Maritimes.

Mais une différence inquiétante se dessine quand on regarde les tendances actuelles. La situation est en train de se dégrader en Ile-de-France, avec une accélération de la hausse des cas détectés. Sur 7 jours, 854 nouveaux malades ont été testés en moyenne, en hausse de près de 10 % par rapport à la semaine précédente. A contrario, la pente est descendante à Nice, avec 858 détections de Covid, en baisse de plus de 2 %.

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© Météo Covid

Surtout que les variants, en particulier britanniques, sont très présents en Ile-de-France. Entre 30 et 50 % des nouveaux cas seraient liés à ces nouvelles souches, considérées comme plus contagieuses. Les voyants, déjà allumés depuis de longues semaines, pourraient ainsi virer au rouge écarlate très rapidement.

Une tendance qui semble se vérifier dans l'analyse de la présence de virus dans les eaux usées franciliennes, l'un des indicateurs les plus précoces. «Nous restons sur des niveaux de circulation très élevés, voire en hausse légère à certains endroits», confirme ce lundi à Cnews Vincent Maréchal, professeur de virologie à la Sorbonne et co-fondateur du projet Obépine, le laboratoire d'Eau de Paris en charge du sujet.

L'incertitude reste de mise

Néanmoins, comme pour tout ce qui touche au coronavirus, l'incertitude reste de mise. Contacté par Cnews, un autre conseiller de l'Elysée déplore «une visibilité à 10 jours» seulement sur l'évolution de l'épidémie, sans confirmer l'hypothèse d'un reconfinement.

Le pire n'étant jamais certain, rien ne dit en effet que la dégradation actuelle des indicateurs se poursuive longtemps. Guillaume Saint-Quentin, fondateur du site Météo Covid, évoque ainsi l'impact des températures sur l'évolution de l'épidémie. De quoi espérer qu'après l'accélération causée par la vague de froid qui a particulièrement touché le nord du pays début février, le redoux actuel freine au contraire la propagation du virus. A moins qu'il n'entraîne un relâchement des gestes barrières.

En outre, les vacances scolaires en cours dans la zone C pourraient aussi ralentir les nouvelles contaminations en empêchant le brassage des enfants dans les écoles. Les éventuels effets positifs sur les chiffres pourraient commencer à se faire sentir ces jours-ci.

«La semaine va être cruciale, c'est la semaine de vérité», a ainsi résumé Martin Hirsch, le directeur de l'AP-HP, ce lundi 22 février au matin sur France Inter. La ligne de crête épidémique sur laquelle chemine le gouvernement n'a jamais semblé aussi fine.

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