En direct
A suivre

Hanouka 2023 : malgré le conflit entre Israël et le Hamas, les juifs ont «envie de célébrer cette fête comme il se doit», affirme le Crif

Alors que le conflit se poursuit dans la bande de Gaza entre Tsahal et le Hamas, la protection des lieux de culte juifs en France est la première des priorités. [Africa Studio/Adobe Stock]

À compter de ce jeudi 7 décembre, la communauté juive de France doit célébrer Hanouka. Cette fête symbolique coïncide avec les deux mois, jour pour jour, du début du conflit opposant Israël au groupe terroriste du Hamas. Elle survient alors que l’ambiance est «lourde et pesante», selon le Crif.

La fête juive de Hanouka, aussi connue sous le nom de fête des Lumières, est célébrée à compter de ce jeudi 7 décembre, et pour une durée de 8 jours, par les juifs du monde entier. Cette année, la fête coïncide avec les deux mois, jour pour jour, du début du conflit opposant Israël au Hamas.

Au-delà de l’atrocité du massacre perpétré dans le sud d’Israël et notamment dans des kibboutz, les attaques terroristes du mouvement palestinien ont provoqué une explosion des actes antisémites dans l’Hexagone, à la suite de la riposte israélienne.

Ainsi, plusieurs personnes de confession juive ont été prises pour cible. À cela s’ajoutent les multiples inscriptions à caractère antisémite taguées un peu partout sur des immeubles. Des dérives qui ne font qu’éveiller le sentiment d’inquiétude et de peur chez les juifs de France.

«Depuis le 7 octobre, l’ambiance est très lourde et très pesante. On a la tête complètement ailleurs. On a des juifs français qui disent qu’ils ont beaucoup de mal à travailler et à penser à ce qu’il s’était passé le 7 octobre», a déclaré Jérémie Haddad, membre du Bureau Exécutif du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), à CNEWS.

«C’est une situation qui est loin d’être réglée, qui peut durer très longtemps et qui se double en France en plus d’une explosion des actes antisémites. On a largement dépassé, en 2023, les 1.000 actes antisémites. Cela ne s’est jamais produit depuis la Seconde Guerre mondiale», a-t-il ajouté.

Cela ne s'est jamais produit depuis la Seconde Guerre mondialeJérémie Haddad, membre du Bureau Exécutif du Crif

C’est donc dans un contexte bien particulier que la communauté juive aborde Hanouka 2023. «On a une volonté de ne pas laisser cette situation, lourde et pesante, nous empêcher de vivre. Cette fête de Hanouka met à l’honneur les enfants. Elle est aussi très symbolique du fait que l’on va allumer les lumières. On va essayer de rappeler une sorte d’espoir. On a envie de célébrer cette fête comme il se doit. Malgré l’ambiance qu’elle connaît aujourd’hui, la communauté juive va s’attacher à fêter Hanouka comme il se doit pendant ces 8 jours», a indiqué Jérémie Haddad.

«Une situation assez exceptionnelle dans le mauvais sens du terme»

Durant cette période festive, plusieurs rassemblements sont prévus. À titre d’exemple, «une grande fête de Hanouka pour les enfants des Talmudé Torah», organisée par le Consistoire de Paris, est célébrée le 10 décembre prochain de 10h à 12h à la synagogue de Chasseloup Laubat (15e arrondissement de la capitale).

Pour autant, et alors que le conflit se poursuit dans la bande de Gaza entre Tsahal et le Hamas, la protection des lieux de culte juifs en France est la première des priorités. Selon le Crif, celle-ci se décline à plusieurs niveaux.

«D’abord, il s’agit de la protection de chacun. Les juifs sont assez habitués, depuis le début des années 2000, à être extrêmement vigilants dans la vie quotidienne comme le fait de ne pas rester en attroupement à la sortie des lieux de culte. C’est une culture qui, aujourd’hui, fait partie de la vie juive en France», a affirmé Jérémie Haddad.

En plus de cette vigilance, on note également la mise en place d’un service bien particulier pour protéger les juifs de France. Il s’agit du SPCJ, soit le service de protection de la communauté juive.

Les juifs sont habitués à être vigilants dans la vie quotidienneJérémie Haddad, membre du Bureau Exécutif du Crif

«Ce sont des bénévoles, dont certains sont des professionnels, qui reçoivent une formation pour faire des gardes. Ils font en sorte que ces règles de vigilances soient respectées pour éventuellement voir si des personnes sont là pour faire du repérage ou pour autre chose. Cette organisation est présente dans l’ensemble de nos événements et de nos lieux communautaires», a martelé le membre du Bureau Exécutif du Crif.

Et enfin, la communauté juive compte également sur le soutien de l’Etat. Alors que les tensions sont à leur comble au Proche-Orient, la France assure la protection des personnes de confession juive via les forces de police ou encore les soldats de l’opération Sentinelles.

Un besoin de protection

«Cela se justifie par cette situation assez exceptionnelle dans le mauvais sens du terme. Nous avons besoins de ces trois niveaux de protection», a noté Jérémie Haddad.

Et de poursuivre : «Depuis quelques années, on a l’habitude d’organiser pendant la fête de Hanouka des rassemblements festifs plutôt à l’extérieur, ce qui est un petit peu compliqué à protéger. De ce fait, on va faire en sorte de compter sur ces trois niveaux de protection pour pouvoir continuer à organiser ces célébrations».

Depuis le 7 octobre, plus de 1.500 actes antisémites ont été recensés dans l’Hexagone. À cet égard, le Crif ne veut pas que d’autres infractions de ce genre viennent perturber la fête des Juifs de France. «Je n'espère pas qu’il y aura une spécificité liée à Hanouka», a-t-il conclu.

Un dispositif de sécurité important

Dans un télégramme adressé par le ministre de l’Intérieur aux préfets, et que CNEWS a pu consulter, Gérald Darmanin a mis en place un dispositif de sécurité très important en raison du «niveau très élevé de la menace terroriste qui continue de peser sur notre pays» et «la persistance des tensions au plan international».

Le ministre de l’Intérieur a, par conséquent, appelé à mobiliser les forces de l’ordre «afin qu’elles prennent l'attache des responsables des sites pour procéder à une évaluation de la situation, notamment au regard de la programmation des manifestations prévues dans les lieux de culte ou sur la voie publique».

De plus, Gérald Darmanin a demandé aux préfets d’assurer «une vigilance renforcée par une présence statique visible aux heures d’arrivée et de départ des fidèles lors des rassemblements et offices» et d’«adapter le dispositif de surveillance, en fonction des niveaux de risque évalués par les services de renseignement territoriaux».

Enfin, concernant les allumages et autres festivités publiques qui pourraient être organisés du 7 au 15 décembre, Gérald Darmanin a invité les préfets à s’assurer «que des mesures de sécurisation appropriées ont été prises par les organisateurs en lien avec les polices municipales et les forces de sécurité».

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités