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Les gouvernements utilisent de plus en plus les réseaux sociaux pour manipuler l'opinion, selon une étude

L'ONG Freedom House a trouvé des preuves de l'existence de «programmes avancés de surveillance des réseaux sociaux» dans au moins 40 des 65 pays étudiés. L'ONG Freedom House a trouvé des preuves de l'existence de «programmes avancés de surveillance des réseaux sociaux» dans au moins 40 des 65 pays étudiés. [Denis Charlet / AFP]

Les gouvernements à travers le monde ont de plus en plus recours aux réseaux sociaux pour manipuler et espionner les électeurs, selon le rapport de l'ONG américaine Freedom House publié ce mardi 5 novembre.

Elle a trouvé des preuves de l'existence de «programmes avancés de surveillance des réseaux sociaux» dans au moins 40 des 65 pays passés en revue (qui regroupent 87 % des utilisateurs d'internet dans le monde). Dans 47 pays, des individus ont été arrêtés pour avoir tenu des propos d'ordre politique, social ou religieux sur internet, et des personnes ont subi des violences physiques pour leur activité en ligne dans au moins 31 pays. Et dans 38 pays - également un record -, les dirigeants politiques emploient des petites mains pour manipuler les informations en ligne et en faire circuler des fausses de façon virale.

De quoi faire dire à Freedom House, organisation pro-démocratie basée à Washington qui publie chaque année une étude sur la liberté sur internet, que cette dernière est en déclin, et ce pour la neuvième année consécutive. En effet, 33 pays ont vu leur indice de liberté sur le web chuter en 2019 - une mesure qui tient compte des obstacles en matière d'accès à internet, des limites pour poster du contenu et des violations des droits des utilisateurs. Seuls 16 Etats ont enregistré une améliorations de leur score au cours de la dernière année, l'Ethiopie en tête.

Freedom House s'inquiète en particulier des ingérences numériques dans les processus électoraux. Selon le rapport, des acteurs nationaux ont interféré dans les élections de 26 des 30 pays étudiés qui ont organisé des scrutins l'an dernier. Soit en manipulant des discussions en ligne, soit en restreignant l'accès à certains sites (voire en coupant carrément l'accès à internet), soit en punissant les opposants ou en créant des lois pour les réduire au silence.

«La propagande fonctionne mieux que la censure»

«De nombreux gouvernements se rendent compte que la propagande fonctionne mieux que la censure sur les plateformes», affirme Mike Abramowitz, président de l'ONG Freedom House. Et celui-ci de citer les dirigeants autoritaires et populistes, qui «exploitent la nature humaine et les algorithmes pour conquérir des scrutins, faisant peu de cas des règles en place pour assurer des élections libres et équilibrées».

Pour la quatrième année consécutive, c'est la Chine qui reste le pire pays en termes d'abus envers la liberté sur internet, la censure y ayant atteint des «extrêmes sans précédent» selon l'étude. Le gouvernement a en effet intensifié ses efforts pour contrôler l'information, dans le contexte tendu des manifestations pro-démocratie à Hong Kong et du trentième anniversaire du massacre de Tiananmen.

La chute de la liberté sur internet touche également les démocraties. Les Etats-Unis par exemple ont vu leur score légèrement baisser cette année. «Les forces de l'ordre et les autorités qui s'occupent de l'immigration ont étendu leur surveillance, en contournant les mécanismes de transparence, de contrôle et de responsabilité qui auraient pu restreindre leurs actions», explique Freedom House pour justifier cette évolution. «Les agents ont espionné, sans mandat, les appareils électroniques de voyageurs pour récolter des informations sur des activités protégées par la Constitution, comme les manifestations pacifiques», ajoute le rapport.

Mike Abramowitz cite cependant des exemples où la technologie joue un rôle positif dans le changement démocratique, comme au Liban, où de nombreux individus «se rallient aux citoyens» pour appeler à des réformes. «L'avenir de la liberté sur internet repose sur notre capacité à corriger les réseaux sociaux», estime Adrian Shahbaz, directeur de recherche de Freedom House en charge de la technologie et de la démocratie. Notant que les plateformes sont principalement américaines (Facebook, Twitter, WhatsApp...), il affirme que «les Etats-Unis doivent jouer un rôle de leader dans la promotion de la transparence et de la responsabilisation à l'ère numérique. C’est le seul moyen d’empêcher internet de devenir un cheval de Troie pour la tyrannie et l’oppression».

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