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Batgirl : les réalisateurs Adil El Arbi et Bilall Fallah s'expriment pour la première fois sur l'annulation du film

Les réalisateurs belges Adil El Arbi et Bilall Fallah ont réalisé «Black», «Bad Boys for Life» et deux épisodes de la série «Miss Marvel». [VALERIE MACON / AFP]

Au début du mois d'août, le film de super-héroïne «Batgirl», déjà tourné et monté, voyait sa sortie annulée par le studio Warner. Ses réalisateurs, Adil El Arbi et Bilall Fallah, en pleine promotion de leur nouveau film «Rebel», reviennent, avec le sourire, sur ce qu'il qualifie de «choc».

«Cela fait un choc». En pleine promotion de «Rebel», long-métrage entre séquences intimistes et scènes spectaculaires sur le jihadisme, tourné entre leur Belgique natal et la Jordanie, les réalisateurs Adil El Arbi et Bilall Fallah sont revenus sur l'annulation de ce qui devait être leur prochain projet, «Batgirl».

Souvenez-vous. Au début du mois d'août, le studio Warner Bros, tout juste racheté par le groupe Discovery, décidait d'annuler plusieurs projets destinés à leur plate-forme HBO Max. L'une des victimes recensées était «Batgirl», film mettant en scène une super-héroïne de l'univers DC Comics (Batman, Superman, Wonder Woman et consort).

Une annonce qui avait fait l'effet d'une bombe dans l'industrie hollywoodienne. En effet, rares sont les studios à s'asseoir sur un projet aussi coûteux, entre 75 et 90 millions de dollars selon les sources. Les réalisateurs avaient confié sur les réseaux sociaux leur tristesse : «Nous sommes attristés et choqués par cette nouvelle, nous n'y croyons toujours pas».

«Le film n'était pas du tout terminé»

Lorsqu'on évoque avec eux le projet «Batgirl», Adil et Bilall ne semblent pas savoir quoi ressentir. «D'un côté, il y a le film annulé et de l'autre, la sortie de notre film le plus personnel. C'est assez dingue comme sentiment». Jamais prévenus par les grands pontes du studio Warner Bros que leur film ne verrait pas le jour, les deux ont appris la nouvelle au mariage d'Adil, au Maroc. «Ma femme était là pour me soutenir», raconte-t-il avec amusement. «Heureusement qu'on a «Rebel», sinon imagine, t'es là, paumé, comme un con».

Cette annulation avait également choqué l'industrie, car le long-métrage devait être «dans sa phase finale de postproduction». Mais les deux assurent que «le film est loin d'être fini». «On était juste en train d'arriver dans la postproduction», indique Adil El Arbi. Bilall Fallah précise «qu'on a juste une première version, quand, en général, il y en a douze autres». Des scènes prévues ne sont d'ailleurs pas dans ce premier montage, la faute au Covid qui a obligé l'équipe à prévoir des tournages additionnels, qui n'ont jamais été faits. «Nous n'avions pas les effets spéciaux, il y avait encore du taff, mais en plein milieu...», explique Adil, en faisant un signe pour montrer que l'aventure s'est brusquement stoppée.

D'autant que les deux cinéastes promettaient de belles choses pour cette aventure de Barbara Gordon, l'acolyte du Chevalier noir. «On avait de supers plans sur ce film-là. D'ailleurs, on a montré des plans de «Rebel» à l'équipe en leur disant : on veut faire ça en plus gros, maintenant qu'on a plus de budget». D'ailleurs, pour Bilall, «si tu veux soutenir «Batgirl», va voir Rebel».

Le film devait raconter l'apprentissage de la super-héroïne, entraînée par le Batman version Michael Keaton, dans une logique de «multivers». «C'est vrai que c'est dur, on avait des scènes avec Batman merde !»

«On est rancunier à mort»

Malgré la frustration, le duo belge garde, du haut de leur presque deux mètres de haut, un sourire à toute épreuve. Derrière cette carrure, la blessure, la vraie, est bien présente. «On est rancunier à mort quand même. On garde ce sourire en se disant que c'est Dieu qui a décidé comme ça et peut-être que c'est pour une bonne raison, peut-être que quelque chose va arriver». Ils auront eu le courage de persévérer : «On a essayé de convaincre les gens de la Warner, mais ils ont dit non».

Pour le duo, l'avenir semblait prospère. Après leurs premiers courts et longs-métrages indépendants tournés en Belgique, ils ont été remarqués par Jerry Bruckheimer, un des plus grands producteurs hollywoodiens (de «Top Gun», à «Rock», en passant par la franchise «Pirates des Caraïbes») pour réaliser le troisième volet de la saga «Bad Boys», intitulé «For Life». Après un succès critique et surtout commercial, ils ont été sollicités à la fois par Warner pour les films estampillés DC Comics, et Disney pour la série Marvel «Miss Marvel».

Même pour des projets destinés au streaming, les Flamands d'origine marocaine travaillent «comme pour le cinéma». «Avec notre chef opérateur (Robrecht Heyvaert, qui a travaillé avec eux sur «Image», «Black», «Patser», «Bad Boys for Life», «Miss Marvel» et «Rebel»), on s'imagine toujours que ça sortira au cinoche. D'ailleurs, ça a été le cas pour la série Miss Marvel, qui est sorti en salles au Pakistan parce qu'ils n'ont pas Disney+, ça fait super plaisir». Les réalisateurs comparent leurs intentions à «David Lean et son Lawrence d'Arabie», pour chaque projet auquel ils sont rattachés.

«S'ils nous appelent, on est là»

Pour «Batgirl», Adil El Arbi et Bilall Fallah n'hésitent pas à décrire «l'une des meilleurs expériences qu'on ait eue sur un tournage», où le cadre restreint du budget, pour une production super-héroïque, a rapproché toute l'équipe. «L'expérience était super sympa, Michael Keaton, JK Simmons, Brendan Fraser et surtout Leslie Grace qui était superbe dans le rôle».

Cette fois-ci, le duo a profité de l'expérience de John Mathieson, directeur de la photographie sur «Gladiator» de Ridley Scott et «Logan» de James Mangold. «Tout était tranquille, le montage se passait très bien». Avant que Bilall Fallah n'en conclut : «Money makes the world go round», en référence à la chanson du même nom de Joel Grey et Liza Minnelli.

Malgré ce récent traumatisme, Adil et Bilall ont eu le soutien de nombreux réalisateurs et producteurs à Hollywood, dont Kevin Feige, le président de Marvel Studios. «Ce message, c'était quand même super sympa». De quoi laisser présager d'une nouvelle collaboration entre les belges et la franchise super-héroïque ? «Inch'Allah («Si Dieu veut», en arabe, ndlr) comme on dit, on croise les doigts». Ils l'assurent en tout cas, que ce soit pour Warner ou pour Disney : «S'ils nous appellent, on est là».

Le long-métrage «Rebel», d'Adil El Arbi et Bilall Fallah, sortira le 31 août au cinéma. Il raconte l'histoire de Kamal, parti en Syrie pour aider les victimes de la guerre, mais qui se retrouve embrigadé de force au sein de Daesh.

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