En direct
A suivre

Cinéma : Alexandre Aja fait des révélations sur son film Haute Tension au PIFFF 2022, 20 ans après le tournage

Alexandre Aja a répondu aux questions du public juste après la projection du film. [LV/CNEWS]

Le réalisateur français Alexandre Aja a présenté son deuxième long-métrage, «Haute Tension», dans le cadre d'une restauration en 4K, lors de l'édition 2022 du Paris International Fantastic Film Festival (PIFFF). Après une séance électrisante, il a révélé quelques secrets de fabrication de ce film culte.

«C'est vrai qu'en le revoyant en salles, il y aurait pleins de choses qu'on ferait différemment, aujourd'hui». L'aveu est signé Alexandre Aja, réalisateur français et auteur des succès critiques et commerciaux comme le remake de «La colline à des yeux», «Piranha 3D», «Crawl» et surtout «Haute Tension», dont il présentait une copie restaurée en 4K, le 8 décembre dernier, au Max Linder Panorama dans le cadre du Paris International Fantastic Film Festival (PIFFF).

Une séance très spéciale, réservée à quelques centaines de privilégiés. Grâce à un superbe travail de restauration, l'image a été restituée dans sa photographie originelle ; et le son, d'une puissance immersive rare, a bénéficié d'une recomposition tout aussi soignée.

Et pourtant, Alexandre Aja n'avait pas l'esprit tourné vers la comparaison. «La dernière copie 35mm est dans un état tellement atroce qu'elle est irregardable. Grâce à cette copie, je retrouve beaucoup d'informations et d'éléments qui avaient disparu. Quand on avait fait l'étalonnage pour les DVD et Blu-Ray, il fallait pousser le contraste pour les télés à tube, mais ces masters avaient perdu toute définition. Là, on retrouve les éléments qu'il y avait dans le 35mm».

Une production française tournée à Bucarest, avec Maïwenn et Cécile de France

Le cinéaste le martèle : «sans Maïwenn et Cécile de France, ce film n'existe pas». Les deux actrices, qui n'avaient pas la reconnaissance qu'elles ont aujourd'hui (toutes deux lauréates d'un César en tant qu'actrice), se sont engagées pour un projet d'un autre genre.

«Cécile est une actrice très technique, l'une de mes meilleures expériences. Maïwenn, c'est un autre genre, avec un dynamisme important. Pour un acteur, le survival (le sous-genre horrifique auquel appartient «Haute Tension»), c'est une opportunité de vivre l'instant de façon tellement intense et de le communiquer aux spectateurs, c'est quelque chose qu'on ne trouve nulle part ailleurs», analyse-t-il.

20221207_181609_63a1a90cb9da0.jpg

@ LV/CNEWS

Le film ne s'est d'ailleurs pas fait sans mal. À l'époque, il a frôlé l'annulation suite au désistement d'un partenaire télévisuel. «Il y avait eu à Paris un fait divers lié à Scream de Wes Craven (un adolescent de 17 ans avait tué son amie de 15 ans, près de Nantes, en 2002, relate Le Parisien) et il ne voulait pas aller vers ce type de film». Le sauveur s'est nommé Luc Besson qui a financé le projet via sa société Europacorp, à hauteur de deux millions d'euros.

La production s'est ainsi délocalisée à Bucarest, avec des acteurs secondaires qui jouaient en roumain. La version française originale a donc nécessité un doublage pour les interprètes non-francophones. À l'international, le scénario a même été modifié. «La société Lionsgate qui a acheté le film a eu l'idée que le personnage de Cécile allait chez la famille de son amie, dont les membres étaient des Américains installés en France». Cécile de France a ainsi doublé son propre rôle en anglais, en conservant son accent. «Une version très mal doublée», admet Alexandre Aja.

Un hommage à de grands cinéastes et classiques du genre

Lorsqu'Alexandre Aja tourne «Haute Tension», il n'a que 24 ans. Avec son comparse Grégory Levasseur (co-scénariste de presque tous ses films), ils souhaitent rendre hommage aux cinéastes qu'ils admirent : Steven Spielberg, William Lustig ou encore Wes Craven. «On était influencé par plein de réalisateurs qui nous ont précédés. Aujourd'hui, on rencontre des gens qui ont vu «Haute Tension» quand ils étaient jeunes. C'est le moment où il faut accepter qu'on soit de la génération précédente».

Tout au long du film, les références pleuvent. La camionnette du tueur est ainsi inspiré du camion fou de «Duel», l'un des premiers longs-métrages de Spielberg. «On s'est demandé quel était l'équivalent en France, c'était la Citroën Type H. Elle a été modifiée, avec des jantes plus larges, avec un moteur d'une Dacia de course pour qu'il y ait un peu plus de puissance».

Une des séquences du film est d'ailleurs reprise quasi «plan par plan» selon les termes d'Alexandre Aja sur le «Maniac» de William Lustig, une référence du cinéma de genre. «Greg avait recréé des graffitis sur la porte qu'il y avait dans ce film, à l'époque», raconte-t-il.

Pour obtenir cette atmosphère typique des survivals des années 1970-80 qu'il aime tant, Alexandre Aja s'est d'ailleurs entouré de Giannetto de Rossi, un spécialiste des effets visuels ayant travaillé sur des films cultes comme «L'enfer des zombies» de Lucio Fulci ou encore le «Dune» de David Lynch. «Il avait toujours un temps d'avance sur nous et nous a aidés pour le découpage de certaines séquences, où on a fait beaucoup de répétitions pour savoir comment une idée pouvait marcher et sous quel angle».

Un succès validé par leurs maîtres

Sorti en juin 2003 sur le territoire français, «Haute Tension» reçoit un accueil public et critique solide, mais peine à trouver son public (110.000 entrées). Mais c'est à l'international, deux ans plus tard, qu'il cartonnera, avec près de quatre millions de dollars sur le sol américain. Alexandre Aja et Grégory Levasseur obtiennent, dès lors, l'approbation de leurs maîtres.

«Haute Tension a été vu par Wes Craven, qui nous a proposé de faire le remake de «La colline à des yeux». On avait beaucoup de propositions à ce moment-là, mais on s'est dit que c'était le moyen de continuer ce qu'on avait commencé avec «Haute Tension»». La suite, c'est un enchaînement de cartons commerciaux, positionnant le duo comme une valeur sûre à Hollywood.

Fort de ce succès, leur ami Franck Khalfoun, qui joue brièvement dans «Haute Tension», réalisera le remake de Maniac, avec Elijah Wood, avec une proposition complètement différente du film originel. De quoi boucler la boucle, dix ans après le succès surprise de «Haute Tension».

Cette version 4K projetée au PIFFF ne devrait toutefois pas sortir en salles l'année prochaine, pour les 20 ans de la sortie du film. Malgré tout, «Haute Tension» reste un film fondateur d'une nouvelle vague de cinéma de genre français, qui s'est relancé au début des années 2000 avec des auteurs comme Pascal Laugier, Xavier Gens ou encore le duo Alexandre Bustillo et Julien Maury. Une expérience âpre et perturbante, à réserver à un public averti.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités