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Affaire du MoDem, Benalla, De Rugy... les étés maudits d'Emmanuel Macron

Emmanuel Macron à Cherbourg (Manche), le 12 juillet dernier, alors que l'affaire De Rugy bat son plein. [© Ludovic MARIN / AFP]

Entre l'affaire des assistants parlementaires du MoDem en 2017 et la polémique des homards de François de Rugy ce mois-ci, en passant par le feuilleton Benalla, la saison estivale ne porte visiblement pas chance au président de la République.

ÉTÉ 2017 : l'affaire du modem + la baisse des apl

Emmanuel Macron siège à l'Elysée depuis un mois quand l'affaire des assistants parlementaires du MoDem éclate. Se basant sur des révélations de l'ancienne eurodéputée Corinne Lepage, le parquet de Paris ouvre, le 9 juin 2017, une enquête préliminaire pour «abus de confiance» et «recel» dans le cadre de soupçons d'emplois fictifs au Parlement européen. Les élus européens du MoDem sont soupçonnés d'avoir employé des assistants pour servir les intérêts de leur parti sans travailler réellement sur les dossiers de l'UE. 

Alors que le parti centriste, principal allié d'En Marche !, a obtenu plusieurs postes de ministres et de nombreux députés à l'Assemblée nationale, l'affaire entraîne la démission de Sylvie Goulard (ex-MoDem) de son poste au ministère Armées, le 21 juin, suivie le lendemain par la défection de deux ministres MoDem, François Bayrou (Justice) et Marielle de Sarnez (Affaires européennes). C'est la première tache sur le quinquennat Macron.

Mais l'orage ne s'arrête pas là : un mois plus tard, fin juillet, la baisse annoncée de 5 euros des Aides personnalisées au logement (APL), destinée à économiser 32 millions d'euros mensuels, suscite la colère des associations étudiantes. D'autant plus après que la députée LREM Claire O'Petit a relativisé : «C'est ça ou on augmente les impôts. [...] Si vous commencez à pleurer pour 5 euros, qu'est-ce que vous allez faire de votre vie ?», affirme-t-elle au Huffington Post. Une provocation qui, pour beaucoup, vient confirmer la déconnexion des dirigeants avec la population et la vie réelle.

ETE 2018 : le feuilleton alexandre BENALLA

L'été 2018 sera encore plus caniculaire pour Emmanuel Macron, feuilleton de l'affaire Benalla oblige. Le 18 juillet, Le Monde, s'appuyant sur une vidéo publiée par le journaliste indépendant Taha Bouhafs, révèle l'identité d'Alexandre Benalla, adjoint au chef de cabinet de l'Elysée chargé de la protection du président et accusé d'avoir, avec son compère Vincent Crase, usurpé la fonction de policier, interpellé et violenté des manifestants lors du 1er mai 2018 à Paris.

Licencié dans la foulée, le chargé de mission est mis en examen pour violences en réunion et immixtion dans l'exercice d'une fonction publique le 22 juillet. Deux jours plus tard, Emmanuel Macron assure, face à sa majorité, que «s'ils veulent un responsable, il est devant vous. Qu'ils viennent le chercher». Une communication agressive inhabituelle de la part du président, qui sera largement critiquée par l'opposition, et qui fera naître le hashtag #AllonsChercherMacron.

L'affaire ne s'arrête pas là. A mesure des investigations et des auditions par le Sénat, d'autres dossiers compromettant Alexandre Benalla (mais aussi d'autres intimes de l'Elysée) seront révélés, comme l'affaire des passeports diplomatiques qu'il aurait dû restituer, celle du port d'arme à feu non autorisé, ou encore celle des contrats passés avec des oligarques russes alors qu'il était encore en poste au Palais. Des scandales qui vaudront au proche d'Emmanuel Macron d'être remis en examen à deux reprises, en janvier et en mars 2019.

Un an après, l'affaire se poursuit : ce 12 juillet, l'association anticorruption Anticor a déposé une nouvelle plainte pour «corruption passive» contre Alexandre Benalla, dénonçant le mélange des genres et des liaisons dangereuses avec un industriel russe, déjà dans le viseur du parquet national financier.

ete 2019 : la polémique françois de rugy

Une troisième été brûlant se profile-t-il pour la majorité ? Cette semaine, c'est François de Rugy qui a été épinglé par le journal Mediapart. Le ministre de la Transition écologique et numéro 2 du gouvernement est accusé d'avoir organisé, entre octobre 2017 et juin 2018, alors qu'il était président de l'Assemblée nationale, une série de dîners particulièrement fastueux, à base de grands crus et de homards, aux frais du contribuable. L'entorse principale, au-delà de la morale, étant que les convives faisaient partie du cercle amical des De Rugy, et non professionnel, quoi qu'il en dise.

Ce n'est pas tout : une fois en poste au ministère de l'Ecologie, François de Rugy aurait entrepris de grands travaux de rénovation de son appartement de fonction, à hauteur de 63.000 euros. Ce 11 juillet, Mediapart a également révélé que François de Rugy louait un logement social à Orvault, près de Nantes. Quant à la compagne du ministre, Séverine Servat, elle aurait notamment acheté un sèche-cheveux doré à la feuille d'or aux frais de l'Assemblée, au prix de 500 euros. Des révélations d'autant plus compromettantes que l'ancien d'EELV s'est régulièrement posé en champion de la transparence et de la moralisation de la vie politique.

Depuis les révélations dans la presse, alors que de nombreux élus réclament sa démission, l'exécutif fait des pieds et des mains pour éviter une nouvelle polémique estivale dévastatrice. Si la situation est plus que jamais tendue pour François de Rugy, le mis en cause a toutefois indiqué, ce vendredi, qu'il ne comptait pas démissionner, précisant avoir reçu le «soutien» de l'Elysée.

Au-delà de ces affaires qui sont pas directement liées au président de la République, Emmanuel Macron a lui-même causé plusieurs polémiques depuis son élection, et bon nombre d'entre elles pendant les chaleurs de l'été. Les Français se souviennent ainsi de ces «gens qui ne sont rien» (3 juillet 2017), des pays africains qui «ont encore sept à huit enfants par femme (8 juillet 2017), de leurs concitoyens «fainéants, cyniques [et] extrêmes» (8 septembre 2017), des «Gaulois réfractaires» (29 août 2018), ou encore de son désormais célèbre «je traverse la rue, je vous en trouve», du travail (16 septembre 2018). A quand la nouvelle sortie de route ?

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