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Rodéos urbains : qu'est-ce que la méthode du «contact tactique», que certains policiers voudraient voir appliquée en France ?

Alors que la loi française reste très stricte en matière d'intervention sur les rodéos urbains, des élus aimeraient expérimenter le «contact tactique», utilisé par les policiers londoniens. Mais cette méthode est pointée du doigt pour sa dangerosité.

Une méthode brutale. Au Royaume-Uni, la police londonienne est autorisée à procéder au «contact tactique», qui consiste à percuter un chauffard en fuite sur un deux-roues pour éviter qu'il n'entre en zone urbaine.

Une façon radicale d'agir, mais largement critiquée pour sa dangerosité. Pourtant, des élus français souhaiteraient l'expérimenter face à la recrudescence de rodéos urbains, impliquant parfois des piétons blessés.

Percuter pour mieux stopper

«A la différence d'une voiture ou d'une fourgonnette, les deux-roues sont instables. Le moindre petit contact peut les renverser et permettre l’arrestation du conducteur. Les policiers cherchent donc l’occasion de le faire à faible allure», explique Peter Kirkham, inspecteur en chef à la police de Londres, chez nos confrères de TF1info.

A l'origine, le «contact tactique» a été développé uniquement pour lutter contre les vols commis à bord de deux-roues. Il ne pouvait d'ailleurs pas être utilisé dans n'importe quelle condition, puisqu'il fallait que le chauffeur porte un casque. Mais face à une augmentation de délinquants sans casque, cette particularité a été supprimée du dispositif, qui autorise toujours à faucher le conducteur s'il est considéré comme dangereux.

Selon les informations de TF1info, l'utilisation du «contact tactique» aurait fait chuter de 36% le nombre de délits à scooter dans la capitale britannique, entre 2017 et 2018. L'aspect dissuasif est le moteur de cette forte baisse.

Une méthode qualifiée de «dangereuse»

En France, depuis l'entrée en vigueur de la loi du 3 août 2018, la pratique du rodéo urbain est devenue un délit passible d'un an de prison et de 15.000 euros d'amende. Des sanctions qui peuvent être amplifiées en fonction des circonstances : alcool, pratique collective ou récidive.

Eric Dupont-Moretti, le ministre de la Justice, a indiqué une hausse de 1.400% des condamnations pour rodéos urbains. De son côté, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a demandé une intensification des contrôles, avec «10.000 opérations sur tout le territoire national».

Mais il semble peut probable de voir l'Intérieur autoriser le «contact tactique» pour aller plus loin. D'autant qu'en France, la responsabilité pénale des forces de l'ordre est systématiquement engagée. «Le problème, c'est que Monsieur Darmanin, à part demander à faire plus de contrôles, n'a pas la main sur la réponse pénale. Sur les rodéos urbains, aucun policier ne va prendre le risque d'être traduit en justice pour contrôler un véhicule», dénonce François Bersani, porte-parole du syndicat Unité SGP Police Île-de-France, à l'AFP. Il parle également d'une loi «perfectible».

Dans un rapport d'évaluation de la loi d'août 2018, Natalia Pouzyreff, députée des Yvelines, et Robin Reda, député de l'Essonne, rappelaient que les forces de l'ordre ont pour consigne de n'engager une poursuite «qu'en cas de délits graves». Ils demandaient de privilégier «l'interpellation différée», en relevant la plaque d'immatriculation, plutôt que de risquer des blessés dans le feu de l'action.

Des élus souhaitent l'expérimenter en France

Malgré les risques de sécurité et les possibles poursuites pénales, certains élus et policiers souhaitent expérimenter la méthode en France. C'est le cas de François Jolivet, député Horizons de l'Indre, qui explique dans Le Figaro vouloir «casser la dynamique meurtrière du rodéo urbain».

Ludovic Cassier, secrétaire département du Rhône SGP Police, explique également que le «contact tactique» permet aux forces de l'ordre d'«immobiliser» et d'«interpeller» les délinquants.

De son côté, Jérôme Moissant, secrétaire général adjoint d'Unité SGP Police, tempère cette solution et souhaite une protection juridique complète pour les policiers en intervention, et ce, avant d'envisager la pratique du «contact tactique» en France.

En 2021, 987 personnes avaient été placées en garde à vue pour ces faits de délinquances sur deux-roues. Selon la députée Natalia Pouzyreff, l'effet dissuasif est réel quand il s'agit de «confisquer les engins et les détruire». Ainsi, 1.242 engins motorisés ont été saisis l'année dernière.

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