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Coronavirus : à quoi faut-il s'attendre pour les prochains mois ?

[© Christophe ARCHAMBAULT / AFP]

Emmanuel Macron l'a répété à plusieurs reprises : «nous ne sommes qu'au début» de cette épidémie du coronavirus. Et pour cause, la crise durera sans doute plusieurs mois.

Alors qu'un vaccin est peu probable avant l'an prochain, il faut se préparer à une situation qui s'inscrit dans la durée en raison de la stratégie choisie par la France pour lutter contre le Covid-19. Face aux hypothèses très alarmistes présentées par les scientifiques, les autorités hexagonales ont en effet opté pour la méthode de «l'endiguement».

Dans la théorie, cette tactique consiste à stopper nette la propagation du virus par des mesures fortes d'éloignement des personnes, avec la fermeture des écoles, la limitation des déplacements et l'obligation de rester chez soi. L'objectif est de ne pas engorger les hôpitaux et surtout que la maladie s'éteigne faute de nouvel hôte à contaminer.

Un coût humain exhorbitant

Elle s'oppose ainsi à la technique de «l'atténuation», qui vise plutôt à contrôler la dissémination afin que suffisamment de personnes soient atteintes et immunisées pour que l'épidémie s'essouffle. C'est cette «atténuation» pour laquelle avait opté le Royaume-Uni, avant de faire machine arrière lundi 16 mars en raison du coût humain supposé d'une telle stratégie.

Selon les estimations des chercheurs de l'Imperial College de Londres, 510.000 Britanniques auraient pu perdre la vie en l'absence de toute mesure. Un chiffre estimé entre 300.000 et 500.000 décès dans l'Hexagone par ces mêmes scientifiques.

La Grande-Bretagne se dirige donc vers des actions fortes, sur le modèle de celles prises en France, comme en Espagne et en Italie ainsi qu'en Chine auparavant. Des pays où le confinement est employé pour isoler la maladie. Car comme l'a souligné Emmanuel Macron, «le coronavirus ne circule pas en France, ce sont les hommes et les femmes qui le font circuler». En résumé, s'il n'a pas de nouveaux corps à contaminer pendant quatorze jours (sa période d'incubation), le virus s'éteint tout seul. D'où l'importance de l'isolement strict des personnes, atteintes ou pas.

Une forte hausse des cas à venir

C'est cette donnée qui explique la durée de quinze jours de confinement – dans un premier temps – ordonnée par Emmanuel Macron. Mais tout au long de cette période, le nombre de nouveaux cas déclarés va continuer à augmenter très fortement au fil des jours, des personnes ayant été contaminées avant les restrictions de déplacement. Et les transmissions risquant de se poursuivre, la mesure devrait très probablement être étendue plusieurs semaines encore.

Une prolongation sera «très vraisemblablement nécessaire», a ainsi estimé ce jeudi 19 mars sur Franceinfo Geneviève Chêne, directrice générale de l'agence sanitaire Santé publique France, précisant qu'il faudrait attendre «entre deux et quatre semaines» pour observer un changement dans la dynamique de l'épidémie de coronavirus. Elle va même plus loin: si on se base sur l'exemple de la Chine, l'inversion de la courbe interviendrait «autour de mi-mai/fin mai».

Les autorités veulent en effet «un virus très affaibli quand la période de confinement sera terminée. C’est ce qui s’est passé en Chine et dans le premier village en Italie», souligne un conseiller d'Emmanuel Macron, en référence à la ville lombarde de Codogno. Premier foyer du coronavirus en Italie en février, cette zone de 50.000 habitants est aussi la première à avoir été placée en confinement, le 23 février. Deux semaines plus tard, le 8 mars, le nombre de contaminations a été réduit à zéro et le blocus s'est achevé.

Mais à l'échelle du pays entier, la situation est plus compliquée, notamment à cause du manque de respect des consignes par une partie des Italiens. Alors que le confinement généralisé a été décrété le 11 mars, le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, a d'ailleurs annoncé ce jeudi 19 mars que cette mesure serait «prolongée à son échéance», prévue le 3 avri. Car le pic de l'épidémie reste encore à venir, autour du 24 mars selon les autorités (soit treize jours plus tard).

«Le pic ne signifie pas la sortie de l'urgence»

«Avoir atteint le pic ne signifiera pas que nous serons sortis de l'urgence mais seulement que l'épidémie a commencé à ralentir et que, quelques jours plus tard, nous atteindrons le point de saturation des unités de soins intensifs», avertit l'un des chercheurs de l'université de Gênes qui travaille sur ces prédictions.

Plus pessimiste, le Conseil national de la recherche (CNR) italien relève qu'une augmentation des cas est en cours dans les régions du sud du pays, où de nombreux Italiens du Nord sont partis après l'annonce des mesures de confinement. Le CNR estime ainsi que la stabilisation du nombre des personnes infectées «aura lieu dans un intervalle compris entre le 25 mars et le 15 avril».

Toutefois, l'épidémie semble ralentir dans la Botte. Le nombre de nouveaux cas recensés augmente en effet de moins en moins vite : il a chuté à 4.789 lundi 23 mars, contre 6.557 samedi 21 mars.

En Chine, la province de Hubei, où se trouve la ville de Wuhan, épicentre du coronavirus, a été placée en quarantaine dès le 22 janvier. Si les chiffres sont moins détaillés et fiables, les nouvelles contaminations locales seraient passées de plusieurs milliers par jour en février à zéro désormais. Le pouvoir chinois a ainsi desserré très progressivement l'étau dans cette région depuis le 10 mars. Le confinement devrait prendre fin mercredi 25 mars, après deux mois.

Pour autant, la sortie du confinement n'est pas forcément synonyme de fin du problème. Les projections des scientifiques de l'Imperial College de Londres anticipent en effet de possibles retours de la maladie dans les mois suivants, réintroduits par de nouveaux entrants dans le pays, par exemple. Il faudrait alors remettre en place des mesures de distanciation.

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La crise aurait deux issues : atteindre le seuil des 50 % de la population infectés, qui stoppe la propagation selon les scientifiques – soit le principe de «l'atténuation» –, ou alors confiner suffisamment longtemps (et fermer les frontières) pour que le virus ne puisse pas être réintroduit depuis l'extérieur.

C'est cette dernière hypothèse qui semble avoir la faveur des autorités françaises : «l'avantage est que tout se passe en même temps, le coronavirus se propage dans de nombreux pays, alors que les épidémies anciennes mettaient du temps à se diffuser. Donc une fois que tous les pays auront été touchés et auront observé une période de quarantaine, le virus sera éteint partout». Paradoxe de la situation : la mondialisation, qui permis la diffusion rapide et globale du coronavirus, sera sans doute aussi un atout pour sortir de la crise.

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