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Que retenir du discours d'Emmanuel Macron devant le Conseil de l'Europe ?

Emmanuel Macron a prononcé un discours devant l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe à Strasbourg, à l'occasion du 70e anniversaire de l'organisation. Emmanuel Macron a prononcé un discours devant l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe à Strasbourg, à l'occasion du 70e anniversaire de l'organisation. [Ludovic MARIN / AFP]

A l'occasion du 70e anniversaire du Conseil de l'Europe, Emmanuel Macron a prononcé ce mardi 1er octobre à Strasbourg un discours devant l'assemblée parlementaire de l'organisation, chargée de défendre les droits de l'Homme, la démocratie et l'Etat de droit sur le Vieux Continent. Droit d'asile, retour des «grandes peurs» en Europe, Russie... Voici les principaux points à retenir de son discours.

Le «détournement» du droit d'asile de nouveau critiqué

Selon Emmanuel Macron, «nous ne serions pas lucides» si nous ne voyions pas que «la demande d'asile est l'objet de manière évidente d'un contournement si ce n'est un détournement». «Si nous laissons le droit d'asile devenir objet de détournement, de trafic, il disparaîtra», a averti le président, pour qui il s'agit d' «un de nos acquis les plus fondamentaux».

Une allocution devant l'assemblée de l'instance européenne - réunissant 47 pays (dont les 28 pays de l'UE) - dans la lignée de son discours particulièrement dur sur l'immigration, le 16 septembre dernier, face aux députés de sa majorité et au gouvernement. «Je crois en notre droit d'asile mais il est détourné de sa finalité par des réseaux, des gens qui manipulent. Si nous ne le regardons pas en face, nous le subirons», avait-il déclaré. Des propos qui avaient choqué jusque dans son propre camp.

Les «grandes peurs» de retour en Europe

Pour Emmanuel Macron, les «principes» et les «valeurs» de l'Europe sont «contestés» à l'intérieur même du continent, à cause de «la menace terroriste», des «transformations numériques, climatiques et démographiques», de «la crise du capitalisme mondialisé, qui n'a pas su prendre en charge la question des inégalités».

«Tous ces phénomènes [...] marquent le retour des grandes peurs que nous voyons partout remonter. Et, avec elles, de l'irrationalisme, de la peur du déclassement, de la peur du monde, de la perte de confiance en ce que nous sommes», a-t-il poursuivi. Un tableau sombre de l'état de l'Europe, mais l'occasion pour Emmanuel Macron, comme il l'a fait lors de la campagne des dernières élections européennes, de mettre en garde contre le «repli sur soi», le chef de l'Etat remarquant «une fascination croissante de nos populations pour les régimes autoritaires». Une pique envoyée notamment à la Hongrie ou à la Pologne, gouvernées par des dirigeants dont l'Etat de droit n'est pas la priorité.

Le locataire de l'Elysée s'est ainsi de nouveau affiché comme le défenseur de l'Europe, appelant à «rendre nos démocraties plus solides en retrouvant ce qui fait de nous des Européens». C'est-à-dire «non dans l'affaiblissement mais dans la défense des droits» démocratiques.

Comme pour le droit d'asile, les propos d'Emmanuel Macron font écho à l'une de ses précédentes interventions. Dans un entretien accordé à Ouest-France fin 2018, il avait en effet comparé la situation actuelle en Europe à «l'entre-deux-guerres». «Dans une Europe qui est divisée par les peurs, le repli nationaliste, les conséquences de la crise économique, on voit presque méthodiquement se réarticuler tout ce qui a rythmé la vie de l'Europe de l'après-Première Guerre mondiale à la crise de 1929», avait-il affirmé. «L'Europe est face à un risque : celui de se démembrer par la lèpre nationaliste et d'être bousculée par des puissances extérieures. Et donc de perdre sa souveraineté», avait-il averti.

La défense du retour de la Russie au Conseil de l'Europe

En juin dernier, la Russie a été réintégrée à l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, après en avoir été exclue en 2014 en raison de l'annexion de la Crimée. Le président français a défendu ce retour dans son discours, lui qui l'avait déjà appuyé en juin.

«Faire l'Europe n'est pas naturel. [...] Les doutes et les critiques sont légitimes. Mais n'oublions jamais ce que l'entrée de la Russie dans notre organisation a pu apporter aux citoyens russes», a déclaré Emmanuel Macron. Il n'y a «pas de complaisance mais une exigence à l'égard de la Russie et de notre organisation pour qu'elle soit plus crédible», a-t-il ajouté, arguant également que la Russie est «fondamentalement européenne». Par ailleurs, selon le chef de l'Etat, ce retour pourrait permettre de faciliter la résolution du conflit avec l'Ukraine, le chef de l'Etat prenant comme exemple l'échange historique de prisonniers entre les deux pays début septembre.

Un discours peu étonnant, le président tentant déjà depuis quelques mois d'opérer un rapprochement entre le Vieux Continent et la Russie, en relançant les relations franco-russes. Après avoir appuyé en juin le retour de la Russie au Conseil de l'Europe, il a reçu le président russe Vladimir Poutine dans sa résidence du fort de Brégançon fin août. Il s'est même dit ouvert à un retour de Moscou au sein du G8 (devenu G7 depuis l'exclusion de la Russie), si la crise avec l'Ukraine s'apaisait.


La suite du programme d'Emmanuel Macron

Emmanuel Macron doit se rendre dans l'après-midi à l'Opéra de Strasbourg, pour une cérémonie marquant le 70e anniversaire du Conseil de l'Europe, organisée par la présidence française de l'organisation. Accompagné du ministre de la Culture Franck Riester, il y retrouvera la secrétaire générale du Conseil de l’Europe, la Croate Marija Pejcinovic Buric, nouvellement élue, mais aussi le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker (qui sera remplacé le 1er novembre par Ursula von der Leyen), et David Sassoli, le président du Parlement européen.

Des discours sont prévus, avant un concert de l'Orchestre philharmonique de Strasbourg, durant lequel l'Hymne européen (un extrait du prélude de «L'Ode à la Joie» de la 9ème Symphonie de Beethoven) sera notamment joué.

Ensuite, vers 18h, Emmanuel Macron remettra la Légion d'honneur à un musicien et un gardien de la paix, intervenus pendant l'attentat du marché de Noël de Strasbourg en décembre dernier.

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